Les avancées grâce à l’imagerie moléculaire TEP au CHRU
Les processus inflammatoires sont étroitement associés à de nombreuses atteintes neurologiques soit aiguës, comme dans l’accident vasculaire cérébral (AVC), soit à des processus chroniques telles les pathologies neurodégénératives (sclérose latérale amyotrophique, maladie d’Alzheimer, etc.). L’imagerie et la quantification de cibles moléculaires impliquées dans la neuroinflammation sont d’un intérêt considérable pour aider au diagnostic et à la mise en place et à l’adaptation de la thérapeutique. A Tours, l’unité INSERM U930 « Imagerie et Cerveau », Université de Tours, CHRU de Tours, a une expérience de ce type d’imagerie chez l’homme en utilisant un radiopharmaceutique développé avec une équipe australienne de l’Université de Sydney. L’U930 vient de publier les résultats de l’imagerie moléculaire de neuroinflammation au cours des AVC (Ribeiro MJ et al, 2014 in press). Cette étude fait suite aux études cliniques déjà publiées par l’équipe, chez des témoins, dans la SLA (Corcia P et al, 2012). L’ensemble de ces résultats montrent que le DPA- 714 marqué par le fluor-18 (18F-N,N-diéthyl-2-[2-(4-(2-fluoroéthoxy)phényl)-5,7-diméthyl-pyrazolo[1,5-α]pyrimidin-3-yl]-acétamide) est un ligand de haute affinité pour la protéine translocatrice TSPO (18kDa) exprimée lors de l’activation microgliale, et permettant de quantifier cette cible moléculaire pour en faire un biomarqueur.
Le 18F-DPA-714 dans l’accident vasculaire cérébral
L’AVC est une pathologie sévère et fréquente qui représente une des premières causes de mortalité et de morbidité dans le monde, et constitue, notamment, la principale étiologie de handicap acquis de l’adulte. L’infarctus cérébral, du à une occlusion artérielle représente 85 à 90% des cas et est devenu un enjeu diagnostique et thérapeutique de premier ordre, depuis la validation de traitements d’urgence comme la thrombolyse intra veineuse qui doit être administrée dans les premières heures après le début des symptômes. Malheureusement, il n’existe pas à ce jour d’autres traitements médicamenteux d’urgence validés, mais une meilleure connaissance de la physiopathologie de l’ischémie cérébrale précoce devrait permettre de déterminer des cibles moléculaires potentielles pour des traitements neuroprotecteurs.
L’ischémie cérébrale est constituée d’une zone de nécrose rapidement définitive et d’une zone de pénombre ischémique où le tissu cérébral est encore viable pendant quelques heures et peut être sauvé si un traitement d’urgence est institué. De nombreuses études physiopathologiques ont démontré que l’inflammation est un des mécanismes majeurs responsable des lésions cérébrales rapidement observées après une occlusion artérielle cérébrale. Les mécanismes moléculaires exacts sont encore mal connus mais le rôle des cellules de l’inflammation, principalement les cellules microgliales et les cellules du système immunitaire, elles mêmes issues des monocytes et macrophages, a été mis en évidence. L’activation microgliale s’accompagne en particulier d’une surexpression de la TSPO située dans les mitochondries de ces cellules gliales. L’unité U930 vient de montrer que dans l’AVC l’augmentation de captation du 18F-DPA-714 est non seulement du à la rupture de la barrière hémato-encéphalique mais aussi à une activation de la TSPO dans la région avoisinant le tissu ischémique (Ribeiro MJ et al, 2014 in press).
Le 18F-DPA-714 chez les témoins Dans une première étude réalisée chez sept volontaires sains, nous avons pu caractériser la fixation cérébrale du 18F-DPA-714. Les résultats obtenus ont montré que le 18FDPA-714 présente une captation cérébrale très favorable avec une forte affinité pour la TSPO ce qui rend ce radioligand très intéressant pour l’imagerie TEP in vivo des processus neuroinflammatoires (Arlicot N et al, 2012).
La Neuroinflammation dans la SLA
Cette étude chez les témoins a été suivie de l’exploration de la neuroinflammation à l’aide de ce 18F-DPA-714 dans la sclérose latérale amyotrophique (SLA), affection neurologique progressive touchant sélectivement les systèmes moteurs parfois associée à des déficits cognitifs (médiane de survie de 2 à 3 ans). Nous avons pu observer une augmentation de la fixation du 18F-DPA-714, dans les régions corticales motrices et, plus précisément dans l’aire motrice supplémentaire des sujets atteints de SLA (Corcia P et al, 2012).